Tourisme de mémoire à Lorient Bretagne Sud : sur les traces de la Seconde Guerre mondiale

Lorient Bretagne Sud est un territoire chargé d’histoire ! Partez à la découverte des nombreux vestiges laissés par l’un des conflits armés les plus importants du XXe siècle : la Seconde Guerre mondiale. Base de sous-marins, mur de l’Atlantique, blockhaus côtiers, baraques ou encore abris anti-bombes montrent à quel point le pays lorientais fut un lieu stratégique.

La base de sous-marins de Keroman à Lorient

Aujourd’hui, Lorient La Base est un haut lieu touristique où il fait bon se balader aux beaux jours. Ce n’était pourtant pas le cas il y a seulement quelques décennies !

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le site est le premier port opérationnel de sous-marins « U-boote » en France pour la marine allemande. La construction, dans la presqu’île de Keroman, de ces colosses en béton armé est stratégique : elle permet d’abriter les submersibles tout en leur offrant une porte de sortie directe vers l’océan, où se livre la bataille de l’Atlantique.

Vue aérienne de la base de sous-marins et de la rade de Lorient
Vue aérienne de la base de sous-marins et de la rade de Lorient (Morbihan) – ©Thibault Poriel – LBST

C’est entre 1941 et 1944 que les 3 grands bunkers de protection qui marquent le paysage sont construits. Et ce, en environ 9 mois de travaux pour chacun ! Deux de plus, que l’on nomme K4 et K4b étaient prévus mais ne seront pas achevés. Leur robustesse incomparable fait preuve tout au long de la guerre. En effet, le 6 août 1944, la redoutable bombe Tall Boy de 4,5 tonnes ne parvient pas à détruire le K3. D’autant plus que ces bâtiments monumentaux étaient bien camouflés ! Ils étaient recouverts de peinture et de filets imitant la verdure afin de les dissimuler vis-à-vis des bombardiers. Les portes de leurs alvéoles étaient, quant à elles, peintes en un motif semblable à la peau de léopard. Inattendu, n’est-ce pas ?

Vue sur les alvéoles du bloc K3 de Lorient La Base (Morbihan)
Vue sur les alvéoles du bloc K3 de Lorient La Base (Morbihan) – ©Emmanuel Lemée – LBST

Prenez le temps de vous balader sur le site et d’observer chaque détail. Vous découvrirez plein d’autres éléments qui vous feront revivre l’histoire ! La plaque située au-dessus de l’alvéole du port à sec rend hommage à l’Ingénieur français d’origine alsacienne Stosskopf, héros de la Résistance et fusillé en déportation. Un peu plus loin, les épaves du Crapaud et du Strasbourg logent à l’entrée des alvéoles du K3. Elles ont été coulées par l’armée allemande afin d’en faire des éléments défensifs.

Visite guidée du K3 à Lorient La Base (Morbihan) – ©Emmanuel Lemée – LBST

Pour en savoir plus, suivez les visites du K3 à Lorient La Base !

Les guides-conférenciers de la ville de Lorient vous dévoileront tous les secrets de la base de sous-marins pendant que vous parcourez ses entrailles.

Le mur de l’Atlantique à Ploemeur et Plouhinec

La bataille de l’Atlantique a joué un rôle clé dans le conflit mondial de 1939-1945. Le Troisième Reich décide alors d’ériger un système de fortifications sur toute la côte atlantique, de la Norvège au Pays Basque français. Là aussi, beaucoup de traces de ce que l’on appelle le mur de l’Atlantique sont visibles à Lorient Bretagne Sud !

A Ploemeur, c’est sur la plage du Courégant que plusieurs pans de cette imposante ligne en béton prennent encore place aujourd’hui.

Profitez-en pour vous balader sur la côte, vous tomberez sûrement sur des bunkers, éléments défensifs souterrains.

Traces du mur de l'Atlantique sur la plage du Courégant à Ploemeur (Morbihan)
Traces du mur de l’Atlantique sur la plage du Courégant à Ploemeur (Morbihan) – ©Emmanuel Lemée – LBST

Du côté de Plouhinec, promenez-vous sur la plage du Linès et découvrez l’imposant tronçon du mur de l’Atlantique qui y loge. Des blockhaus viennent ponctuer le tout. A Gâvres, empruntez la route des saisies depuis le Fort de Porh-Puns direction la pointe des Saisies. 4 impressionnants blockhaus en bon état demeurent toujours. De précieux témoignages de ce passé dont il faut garder la trace et faire perdurer la mémoire.

Blokhaus sur le littoral à Gâvres (Morbihan)
Blokhaus sur le littoral à Gâvres (Morbihan) – ©Zoé Cocheril – LBST

L’abri anti-bombes en centre-ville de Lorient

La construction de la base de sous-marins de Keroman et l’occupation de la ville de Lorient par l’armée allemande ont entraîné de nombreux bombardements de la part des Alliés. Afin de contribuer à la défense passive et de protéger la population lorientaise, mais surtout les officiers allemands et les ouvriers de Keroman, 10 abris sont construits dès 1941. Trois d’entre eux seront souterrains.

Celui situé sous la place Alsace-Lorraine, en plein cœur de ville, est aujourd’hui le seul abri souterrain de l’époque ouvert à la visite. Suivez le guide et plongez dans l’ambiance dès votre arrivée : lumière sombre, humidité… Préparez une petite veste ! L’espace est resté quasi intact depuis la fin du conflit. Les bancs sont toujours sur place, tout comme le vélo qui permettait de régénérer l’air et de fournir de l’électricité et la ventilation à l’abri. Ici, près de 400 personnes trouvaient refuge le temps des raids aériens.

Visite guidée de l'abri anti-bombes de la place Alsace-Lorraine à Lorient
Visite guidée de l’abri anti-bombes de la place Alsace-Lorraine à Lorient (Morbihan) – ©Xavier Dubois – LBST
Maquette exposée à l'abri anti-bombes place Alsace-Lorraine à Lorient
Maquette exposée à l’abri anti-bombes place Alsace-Lorraine à Lorient – ©Xavier Dubois – LBST

La villa Kerlilon à Larmor-Plage

A Larmor-Plage, les 3 villas qui surplombent le port de Kernevel dénotent de par leur beauté architecturale. Parmi elles se trouve la villa Kerlilon, maison de villégiature de style Balnéaire construite au tournant du XXe siècle. C’est en 1940, à l’arrivée de l’armée allemande dans le pays lorientais, que le contre-amiral Dönitz réquisitionne cette magnifique bâtisse pour y installer son poste de contrôle. Sa beauté et son emplacement en bord de mer y jouent, certes, mais pas que ! Elle se trouve surtout juste en face de la future base de sous-marins de Keroman. C’est ici que les grandes décisions militaires concernant la stratégie défensive de Lorient et de son littoral étaient prises. De plus, elle est dotée de plusieurs abris anti-bombes et de blockhaus, dont l’un de 7 pièces ! A la Libération, en mai 1945, la Marine reprend possession de la maison et du bunker.

Aujourd’hui, la villa Kerlilon appartient toujours à la Marine française. Son rez-de-chaussé et certains bunkers sont ouverts à la visite pendant les Journées Européennes du Patrimoine qui se tiennent tous les ans en septembre. Vous pourrez alors admirer non seulement la beauté de la construction mais également le poste de l’amiral quasi-intact. Notez la date dans vos agendas, elle mérite le détour !

Villa Kerlilon face au port de Kernevel à Larmor-Plage
Villa Kerlilon face au port de Kernevel à Larmor-Plage – ©Emmanuel Lemée – LBST

La cité de l’habitat provisoire de Soye à Ploemeur

A la fin de la Seconde Guerre mondiale, la ville de Lorient est détruite à 80%. Et pour cause, les Alliés larguent 60 000 bombes incendiaires et 500 bombes explosives dans le but de détruite les zones où se situaient les sous-marins. Résultat des comptes ? Une grande partie de la population lorientaise se retrouve sans toit. A partir de 1945, le MRU (Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme) décide alors de construite des « cités d’urgence » d’après-guerre. Celles-ci sont constituées de « baraques » (pavillons préfabriqués), lavoirs ou encore écoles et commerces, où les sinistrés trouveraient refuge.

Baraque française de type 534.10 rénovée vue de côté dans l'ancienne cité de Soye à Ploemeur (Morbihan)
Baraque française de type 534.10 rénovée vue de côté dans l’ancienne cité de Soye à Ploemeur (Morbihan) – ©Ville de Plœmeur

Aujourd’hui, la cité de l’habitat provisoire, à Ploemeur, en est un rare exemple. Visitez les lieux et découvrez avec un guide l’histoire de ce site et des habitants qui y vivaient.

Ces habitations sont aujourd’hui protégées au titre des Monuments Historiques. L’association Mémoire de Soye œuvre pour leur préservation et leur valorisation, notamment en les remeublant dans le goût de l’époque. Tout comme pour celle du patrimoine immatériel dont elles sont garantes : la mémoire de ses anciens habitants. Tous les étés, découvrez sur les grilles du potager à proximité une exposition extérieure sur des thématiques patrimoniales ou environnementales. Cette année, jusqu’au 3 novembre, « Soye la tête en bas » fait le lien entre les souterrains creusés pendant la Seconde Guerre mondiale sous la colline et les nouveaux occupants : les chauve-souris. Puis, à quelques pas de là, un potager cultivé depuis 1786 est entretenu par les bénévoles de l’association Mémoire de Soye qui vous accueilleront les bras ouverts. On y conserve d’ailleurs le chou de Lorient ! N’hésitez donc pas à pousser la grille lorsqu’ils sont présents. 😉

En somme, les férus d’histoire ou tout simplement les curieux prendront un grand plaisir en découvrant la richesse culturelle et patrimoniale de Lorient Bretagne Sud !

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